Actualités

4 pays africains qui tablent sur le secteur du CBD et cannabis médical

Lesotho, Zimbabwe, Afrique du Sud et Maroc… L’Afrique a toutes ses chances de se démarquer, en termes de CBD et cannabis médical. Des investisseurs internationaux y croient et manifestent leurs intérêts. Ils misent surtout sur l’Afrique australe. Un choix qui s’explique par des climats propices au plein développement de la plante. Revers de la médaille : les législations régissant le secteur demeurent rigides. Une situation qui perdure surtout au Maroc.

Lesotho, précurseur dans le domaine du CBD et cannabis médical

Lesotho se lance dans le cbd

Pas plus tard qu’en 2008, le Lesotho a promulgué une loi autorisant la culture, la transformation et l’exportation du cannabis médical et CBD. La première licence octroyée par le gouvernement date de mai 2017. Elle a été attribuée à l’entreprise Medi Kingdom. Une démarche qui a fait du pays une destination privilégiée des investisseurs internationaux. En 2019, le nombre de licences octroyée s’élevait déjà à 70, chacune proposée à 30 000 dollars et à renouveler tous les 12 mois. Rien d’étonnant si le pays se targue d’avoir intégré les plus grandes entreprises du secteur, dans la Bourse de Toronto.

Des investisseurs pour le moins actifs

Les investisseurs en CBD et cannabis médical sont sur le pied de guerre au Lesotho. Medigrow a par exemple injecté quelque 17,4 millions d’euros sur son site de 5 000 m2, déjà constitué de 18 serres. Un investissement qui vise à l’étendre jusqu’à 200 serres, pour augmenter sa production à 1 000 litres d’huile de CBD. A titre informatif, le litre se négocie entre 5 400 et 19 000 euros.

De même, en 2019, Halo Labs (entreprise américaine) s’est associée à Bophelo Bioscience & Wellness. L’idée est de parvenir à une production de cannabis médical et CBD de 5 t, sur une surface de 5 ha. Les deux entités tablent ainsi sur un chiffre d’affaires avoisinant les 46 millions de dollars. Elles ont d’ailleurs fait leur première récolte entre avril et juin 2020.

Les installations de Verve, fer de lance du secteur

Sans surprise, le secteur du CBD et cannabis médical revêt une importance particulière aux yeux des dirigeants du Lesotho. En août 2019, le roi Letsie III en personne a effectivement honoré de sa présence, l’inauguration des installations de Verve. Un complexe destiné aux cultures en serre, où tout est fait pour protéger les plantes. Blouse, masque et charlotte… Le personnel porte la tenue adéquate, afin d’éviter tout risque de contamination extérieure. Benjamin-Alexandre Jeanroy (consultant) explique :

« Ce sont quasiment des salles blanches, où l’environnement est contrôlé à presque 100 %. C’est essentiel pour obtenir les autorisations d’exportation vers le Canada, les États-Unis, l’Europe ou l’Australie ».

Les principaux atouts du Lesotho en termes de CBD et cannabis thérapeutique

Trois atouts majeurs sont à associer au secteur CBD et cannabis médical du Lesotho. Aurélien Bernard (journaliste) énumère les deux premiers :

« Le faible coût de la main-d’œuvre, mais aussi le climat sont autant d’arguments pour les entreprises qui investissent ».

Ce second point se matérialise d’ailleurs par 300 jours d’ensoleillement par an, par un faible taux d’humidité bas, ainsi que par une faible pollution. Enfin, le troisième point fait référence à une législation au petit soin des investisseurs étrangers, surtout en termes de taxes.

Autant d’atouts qui rend le gouvernement très ambitieux : A l’horizon 2022, le Lesotho se fixe l’objectif de créer 30 000 emplois dans le secteur du CBD et cannabis médical.

Qu’en est-il du revers de la médaille ?

Malgré le plein développement, le secteur du CBD et cannabis médical du Lesotho présente un côté plus sombre. Celui-ci fait notamment référence à une activité cantonnée dans l’exportation. Les législations restent strictes en ce qui concerne la commercialisation locale. De ce fait, les entrepreneurs locaux peinent à tirer leur épingle du jeu. Les petits agriculteurs doivent, quant à eux, se résoudre à évoluer dans l’illégalité. Pourtant, le commerce du cannabis est une seconde habitude depuis des siècles. De nombreux agriculteurs vivent même du trafic de « matekoane » (cannabis) vers l’Afrique du Sud.

CBD et cannabis médical au Zimbabwe

drapeau du zimbabwe avec feuilles de cannabis

Le secteur du CBD et cannabis médical du Zimbabwe appartient encore à la catégorie jeune pousse. Sa toute première plantation de chanvre date effectivement de septembre 2019. Elle se trouve à Harare… dans l’enceinte d’une prison. A la tête des installations, on retrouve Zorodzai Maroveke, dentiste et fervent militant pour l’évolution des lois régissant le secteur. A en croire les chercheurs de Clarkson University (New York), cette plantation se focalise surtout pour la production de fibres de chanvre. Ils serviront à confectionner des vêtements, des papiers, mais aussi des matériaux de construction et des composants pour les batteries.

Remplaçant désigné du tabac

Les dirigeants du Zimbabwe misent beaucoup sur le secteur du CBD et cannabis thérapeutique. Ils y voient même à terme le remplaçant du tabac. Celui-ci connaît effectivement un déclin, à en croire Monica Mutsvangwa, ministre de l’Information. Pourtant, le secteur du tabac constitue une des sources de devises du pays.

Des licences à foison

Il faut dire que les autorités zimbabwéennes se donnent les moyens de son ambition : En mars 2018, elles ont validé 37 licences de production de cannabis thérapeutique. Chacune d’elle est proposée pour la modique somme de 50 000 dollars. Prohibition Partners parle d’une condition : Chaque projet se doit d’intégrer un actionnaire local. A noter que Nircom (entreprise britannique) a annoncé avoir obtenu une licence en septembre 2018. Elle l’aurait provisionné d’une somme de 10 millions de dollars, mais aucune preuve n’atteste le développement du projet.

CBD plutôt en ébullition en Afrique du Sud

drapeau afrique du sud cannabis en fond

En matière de CBD et cannabis thérapeutique, l’Afrique du Sud est perçu comme un marché émergent. La nation Arc-en-Ciel a effectivement surpris plus d’un, en 2018 : la Cour suprême a autorisé la production et la consommation de cannabis récréatif. Vendeurs de graines et de matériel agricole, brasseurs (bières infusées au CBD)… autant d’acteurs qui tirent parti de ce desserrement de la vis. A l’horizon 2023, l’instance prévoit davantage d’assouplissement au niveau des législations en vigueur. Prohibition Partners parle d’une démarche qui devrait se solder par un chiffre d’affaires de 1,8 milliard de dollars.

Les inévitables lobbying

En attendant la date fatidique de 2023, les industriels désireux d’opérer dans le secteur du CBD et cannabis thérapeutique, mettent toutes les chances de leur côté. Canopy affiche au grand jour sa campagne de lobbying auprès des certains hauts-placés de l’ANC. Pour leur part, des cabinets d’avocats comme Bowmans mènent des chantiers de prospection auprès des investisseurs.

Une victoire en demi-teinte ?

Quoi qu’il en soit, ces démarches quelque peu douteuses semblent porter ses fruits. Quatre entreprises se sont effectivement vues octroyer une licence pour la culture de CBD et cannabis thérapeutique. Parmi elles figure la société sud-africaine Felbridge. Néanmoins, ces firmes ne peuvent pas encore transformer elles-mêmes leurs produits. Elles doivent encore importer des matières premières pour fabriquer huiles ou tablettes CBD.

Et du côté du Royaume chérifien ?

Selon Khalid Mouna (anthropologue), le Maroc a toujours été une terre de CBD et cannabis dans toute sa globalité. Il fait notamment allusion à une pratique ancrée dans le Rif depuis plus de 15 siècles. Rien de plus normal si des débats sur la légalisation du cannabis s’invitent parfois dans les médias marocains. PAM et Istiqal, deux partis politiques, s’affichent sur tous les fronts.

Des éléments plus que prometteurs

La ville de Chefchaouen présente un champ de cannabis d’une surface de 50 000 ha de cannabis. Une activité qui a permis de créer des emplois pour environ 800 000 personnes. De plus, la gendarmerie royale a fait part, en 2010, de son étude sur la culture du chanvre. Il a été question d’évaluer le potentiel de la fibre de la plante.

Une peur bleue du PJD

Pour autant, rien ne bouge : le spectre du PJD (mouvement islamiste) plane sur les décideurs. Le gouvernement en place n’est jamais prompt à faire avancer les choses, au risque d’avoir à fournir « une justification religieuse ». En outre, l’action menée par le conseil de Tanger-Tétouan-Al Hoceïma est jugée trop timide par les observateurs. Il a pourtant voté, en juin 2019, pour le déblocage du financement d’une étude sur le secteur du CBD et cannabis médical. Enfin, face la situation, les industriels hésitent à afficher leur intérêt pour ce secteur.

En conclusion, le secteur du CBD et cannabis thérapeutique peine encore à décoller sur le Continent. Prohibition Partners croit pourtant au marché africain. Le cabinet lui prête effectivement un poids estimatif de 7,1 milliards de dollars, à l’horizon 2023. Un chiffre mirobolant qui ne peut néanmoins découler que la légalisation de toutes activités afférentes à la plante. Selon les résultats de l’étude du cabinet Prohibition Partners, le marché marocain pourrait peser jusqu’à 1 milliard de dollars, allusion faite à son titre de Numéro 1 mondial de la production de résine de cannabis. Il faudra aussi faire bouger la ligne, du côté de la Zambie, du Kénya et de l’Ouganda. Cette première fait déjà une avancée, en autorisant culture de cannabis thérapeutique.

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page