Autoculture de cannabis pour les patients

Cultiver ses plants de cannabis à la maison peut être mal vu par vos voisins. Ils risquent de vous prendre pour un dealer ou un trafiquant. Pourtant, depuis l’antiquité, les guérisseurs utilisent le cannabis contre les maladies infectieuses, les douleurs, les hémorragies, etc. Aujourd’hui encore, il n’a pas fini de vanter ses mérites en milieu thérapeutique. De nombreux médicaments à base de cette plante sont utilisés dans le cadre des traitements des patients, et permettent aussi d’en soulager les effets secondaires. Cet article fait un état des lieux de l’autoculture du cannabis en France et dans le monde.
Les pays pour l’autoculture de cannabis thérapeutique
Certains pays légalisent la culture de cannabis à domicile pour permettre aux patients d’y accéder facilement comme outil thérapeutique. Aux Etats-Unis, 33 sur 50 États sont pour l’usage thérapeutique de la marijuana, et 11 autres États pourraient accepter le cannabis sativa en 2022. L’autoculture pour les patients est autorisée à New York par exemple. Alors que l’Etat avait prévu de l’interdire jusqu’en 2022, la réunion du Cannabis Control Board en a décidé autrement. Les patients peuvent cultiver chez eux, à raison de trois plantes matures et trois autres immatures par ménage.
Autre exemple, en Argentine, les personnes malades et inscrites au programme national du cannabis, ont le droit de posséder une culture individuelle. Par ailleurs, le gouvernement argentin autorise le commerce d’huiles et de crèmes à base de cannabis en pharmacie.
Dans ces pays, cette activité est réservée aux patients ayant droit, aux chercheurs et aux soignants qui participent aux différents programmes cannabiniques. Peu de pays offrent encore un cadre légal à cette activité pour un usage récréatif. L’Uruguay et le Canada sont les premiers à le faire, et tout récemment Malte sur le continent européen. Il y a environ 30 pays pour l’usage de cannabis thérapeutique dans le monde. Pour le reste, on parle encore de dépénalisation ou de tolérance.
Un cadre légal pour la France
En France, la culture de cannabis à domicile est aussi légale. Que ce soit pour un usage thérapeutique ou purement récréatif, il est presque normal de posséder sa propre culture. Cependant, il faut que ce soit du cannabis médical appartenant aux variétés inscrites sur la liste de l’INRA. Avec un taux de THC dérisoire, seules ces variétés peuvent être plantées au jardin ou au balcon. Comme elles n’en contiennent que 0.2%, elles sont non psychotropes.
Vous vous demandez comment faire pousser du cannabis chez vous? Il suffit d’avoir la main assez verte de choisir vos plants avec précaution. Mais il existe certaines démarches à accomplir pour être tout à fait en accord avec la loi. La première consiste à faire une déclaration sur l’honneur pour indiquer l’endroit exact où vous comptez les faire pousser. Ensuite, vous devez informer préalablement la gendarmerie pour éviter les mauvaises surprises avec vos voisins.
La production locale est désormais possible

La publication d’un décret au Journal officiel le 18 février est un grand pas vers la légalisation du cannabis en France. Il autorise les agriculteurs à le cultiver pour un usage thérapeutique. Cette plante appartient à la même espèce que le chanvre, qui est déjà cultivé librement. Ce dernier abonde aussi de bienfaits et n’est pas psychotrope. Vous avez certainement déjà entendu parler du CBD ? On l’extrait du chanvre avant de le transformer en huile, en infusion, en boisson, etc., très appréciées pour atténuer la douleur, calmer le stress et l’anxiété.
Pour en revenir au cannabis médical, il est utilisé dans le cadre du traitement de patients spécifiques. Or, l’Hexagone a toujours importé des médicaments. Grâce à ce nouveau décret, on assiste à un revirement de situation. Les nouvelles variétés vont enfin être cultivées localement. Mais, il faut s’attendre à un cahier de charges très strict du gouvernement. Pour l’heure, nous savons que la culture ne pourra se faire que sous serre, et sous surveillance.
Les applications thérapeutiques du cannabis
Mais quelles affections soigne le cannabis pourquoi est-il intéressant de se lancer dans l’autoculture? Pour répondre à cette question, sachez que la recherche sur l’efficacité thérapeutique de cette herbe magique a été prohibée pendant plusieurs années. Mais aujourd’hui, la situation se débloque peu à peu et les études commencent à émerger. Dans les pays où son usage est autorisé, il est appliqué sur les patients atteints du cancer, de l’asthme, de la sclérose en plaque et de l’épilepsie. Notez que le cannabis est le seul traitement qui marche vraiment sur le syndrome de Dravet, une épilepsie infantile très sévère.
Il s’agit aussi d’un anti-inflammatoire et d’un anti-vomitif, efficace contre les effets secondaires des traitements et de la chimiothérapie. Il stimule l’appétit chez les patients atteints d’anorexie, du sida, de la maladie d’Alzheimer, etc. Les personnes en proie à la dépendance à l’alcool et aux drogues dures s’en servent également pour vaincre leur addiction. La liste de ses applications thérapeutiques est relativement longue. L’Association Internationale pour le Cannabis Médical en a répertorié au moins 200.
Les propriétés de l’herbe
Le cannabis possède plusieurs propriétés thérapeutiques exploitables, parmi lesquelles:
- Des propriétés analgésiques, à associer aux différents traitements en cas de résistance et de manifestations de douleurs chroniques.
- Idem pour les chimio et autres effets secondaires.
- On lui reconnaît aussi des propriétés antispasmodiques pour calmer les contractions en cas de crise éplipetique ;
- Broncho-dilatatrices pour les asthmatiques;
- Vasodilatatrices contre le glaucome et la migraine;
- Antipsychotiques pour les schizophrènes ;
- Anxiolytiques contre les maladies psychiatriques;
- Antidépresseurs et relaxantes.
La pratique se démocratise et reçoit les critiques
Au-delà de la raison médicale, l’autoproduction a connu un essor important avec le confinement. Non à cause du covid, mais pour une question d’approvisionnement et d’économies devant la flambée des prix. Il y a aussi l’assurance de consommer une herbe de qualité et l’opportunité d’éviter les mauvaises fréquentations. Malgré cette action engagée, la production indoor de ganja est vue d’un très mauvais œil. Marie Jauffret Roustid, spécialiste à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale cite :
“La question de l’autoculture est un angle mort dans le pays. Nous avons cette vision du cannabis avec d’un côté les dealers et le trafic, de l’autre les consommateurs qui seraient de pauvres victimes des dealers. Désormais, avec les propos de Gérald Darmanin, nous sommes face à un nouveau discours avec des usagers qui seraient responsables du trafic et donc complices. C’est un imaginaire très caricatural autour du monde des drogues”.
Autoproduction de cannabis: les raisons de se lancer

Face aux critiques, les cultivateurs de ganja ne se découragent pas. Pour eux, nombreux sont les avantages de l’autoproduction, outre les bienfaits thérapeutiques qu’il apporte.
Le choix et la liberté
Grâce à la légalisation du cannabis, vous pouvez vous procurer des graines auprès des revendeurs en ligne à travers le monde. Vous bénéficiez d’un accès à un large choix de variétés, vous permettant d’explorer des horizons inconnus dans votre jardin. Puis, avec vos propres plants, vous avez la possibilité d’expérimenter de nouveaux produits diy (teintures thérapeutiques, concentrés, …)
La qualité du cannabis
Comme nous l’avons évoqué plus haut, l’autoculture est la meilleure alternative pour ceux qui prônent la qualité. En le récoltant chez vous, vous savez parfaitement à quoi vous en tenir. Et la qualité de l’herbe est un critère important quand elle est destinée à une consommation à visée thérapeutique. Ce privilège n’est pas donné à tous les consommateurs dans les endroits où l’accès au cannabis est encore restreint. Il leur est difficile, voire impossible d’en connaître l’origine. La méthode de culture est un autre point à soulever. Plusieurs questions peuvent se poser : quel type d’engrais a été utilisé ? A-t-on eu recours à des pesticides?…
La quantité
Cultivé en extérieur et dans des conditions optimales, un pied de marijuana peut produire jusqu’à 1 kilo d’herbe. Avec quelques pieds bien entretenus, vous en récolterez une grande quantité de très bonne qualité, et pourrez en disposer librement. Ainsi, vous aurez toujours assez de weed à votre portée sans débourser le moindre centime.
Le changement des saisons peut influencer votre activité, mais cela reste un phénomène prévisible. Pour profiter d’une récolte tout au long de l’année, envisagez une culture d’intérieur.
L’expérience
Les propriétés du cannabis restent encore méconnues pour beaucoup d’entre nous, même au sein de la communauté des consommateurs. L’autoculture permet d’en apprendre davantage sur cette plante fascinante. En effet, cette dernière n’a pas fini de faire parler d’elle et des différentes manières possibles de l’utiliser. Jusqu’à aujourd’hui, les chercheurs continuent de l’expérimenter et d’innover les produits. Dans le commerce, l’accès aux différentes parties de la plante est limité. Avec votre culture personnelle, vous avez toutes les cartes en mains pour explorer des possibilités infinies, de la tige aux feuilles, en passant par les grains.