Cannabis thérapeutique en France (2023) : Maladies traitées ?

En France, depuis 2021 et jusqu’en 2024, des essais sont en cours pour évaluer les utilisations médicales du cannabis. Cette expérimentation soulève des questions essentielles : quels sont les patients qui peuvent bénéficier du cannabis médical ? Est-ce une option pour les patients atteints de cancer ? Et quelles sont les différentes formes sous lesquelles il est administré ? Est-il consommé par fumée ou sous forme de comprimés ? De plus, comment est-il possible d’obtenir une prescription pour ce traitement ?
Depuis octobre 2020, l’utilisation du cannabis thérapeutique, également connu sous le nom de cannabis médical, est autorisée en France jusqu’au 25 mars 2024, conformément au décret actualisé le 25 mars 2023. À l’origine, l’expérimentation était prévue pour une période de deux ans, s’étendant de mars 2021 à mars 2023. Aujourd’hui, quels sont les patients pouvant bénéficier légalement du traitement au cannabis en France ? De quelles manières peut-il être administré ? Quels sont les noms des médicaments contenant du cannabis ? Et comment peut-on les obtenir légalement ? Faisons le point sur la légalisation en vigueur en France.
Une définition claire du cannabis médical ou thérapeutique
Selon le Professeur Nicolas Authier, médecin psychiatre spécialisé en pharmacologie et addictologie, ainsi que chef de service de Pharmacologie médicale et du Centre d’Évaluation et de Traitement de la Douleur au CHU de Clermont-Ferrand, le terme « cannabis » est plutôt générique et englobe des plantes ayant des compositions très différentes et contenant de nombreuses molécules variées. Certaines de ces molécules, seules ou en combinaison, ont des propriétés thérapeutiques. Lorsque l’on parle de cannabis médical, il ne s’agit pas d’une seule substance, mais plutôt d’une association de molécules spécifiques dans des indications précises. Ces médicaments diffèrent considérablement les uns des autres en termes de composition et présentent des avantages thérapeutiques ainsi que des profils distincts.
L’une de ces molécules est le cannabidiol (CBD), qui est dérivé du cannabis et possède des effets thérapeutiques intéressants pour différentes indications, telles que la gestion de la douleur et l’épilepsie, comme l’explique le spécialiste. Il est important de souligner l’utilisation du qualificatif « médical » pour désigner ces médicaments à base de cannabis. Cela permet de mettre l’accent sur leur finalité thérapeutique, plutôt que d’affirmer de manière potentiellement abusive leurs capacités à guérir. Ce terme permet également de distinguer clairement le cannabis utilisé à des fins médicales du « cannabis non médical », qui est destiné à d’autres usages, tels que les festivités ou l’auto-traitement.
La légalité du cannabis thérapeutique en France en 2023
Depuis décembre 2019, avec l’approbation de l’Assemblée nationale, et l’émission du décret en octobre 2020, le cannabis thérapeutique peut être légalement prescrit à certains patients en France. L’expérimentation a débuté en mars 2021 avec une durée initiale de deux ans (jusqu’en mars 2023), mais a été prolongée par décret jusqu’au 25 mars 2024. En février 2022, un décret autorisant la culture de cannabis à usage médical en France a également été publié. En mars 2022, le 1500ème patient ayant participé à l’expérimentation du cannabis médical a été enregistré.
Comparaison avec d’autres pays
Le cannabis thérapeutique est autorisé dans plusieurs pays tels que la Suisse, le Canada, l’Allemagne, les Pays-Bas et la Norvège.
Indications thérapeutiques
L’expérimentation du cannabis médical en France se concentre sur cinq indications thérapeutiques spécifiques :
- Douleurs neuropathiques réfractaires aux traitements accessibles, qu’ils soient médicamenteux ou non.
- Certaines formes sévères et résistantes aux médicaments de l’épilepsie.
- Certains symptômes rebelles en oncologie liés au cancer ou à ses traitements.
- Situations palliatives.
- Spasticité douloureuse causée par la sclérose en plaques ou d’autres pathologies du système nerveux central.
Le Professeur Authier souligne que pour chaque indication, le cannabis thérapeutique vient en complément des autres traitements existants et ne les remplace pas. Ces traitements adjuvants sont conçus pour améliorer la prise en charge globale du patient et sa qualité de vie.
Comment obtenir une prescription de cannabis médical ?
Seuls les médecins travaillant dans les structures sélectionnées pour participer à l’expérimentation ont le droit d’initier un traitement à base de cannabis médical. Si un patient n’est pas suivi dans l’une de ces structures, il peut en discuter avec son médecin traitant qui pourra l’orienter vers une structure appropriée. Si le médecin est d’accord, une ordonnance est délivrée pour une durée maximale de 28 jours. Le patient dispose de trois jours au maximum pour présenter son ordonnance et récupérer son traitement :
- Dans la pharmacie de la structure de référence.
- Dans une pharmacie de ville choisie par le patient, à condition que la pharmacie ait préalablement reçu une formation spécifique et donné son accord.
Le renouvellement de l’ordonnance doit être effectué au maximum tous les 28 jours.
Sous quelle forme est vendu le cannabis médical ?
D’emblée, le Professeur Authier souligne qu’il n’est en aucun cas question de commercialiser des joints pour des raisons thérapeutiques. L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a exclu l’administration par voie fumée pour le cannabis médical. Les formes autorisées sont les suivantes :
- Inhalation par vaporisation (fleurs séchées).
- Administration orale (huile, comprimé).
Les médicaments contenant du cannabis médical contiennent à la fois du THC et du CBD.
Les effets secondaires du cannabis médical
Les effets secondaires du cannabis médical sont principalement liés au tétrahydrocannabinol (THC) et sont bien connus. Ils sont principalement de nature neuro-psychiatrique, tels que la somnolence, les crises d’angoisse, les états paranoïaques et, avec une utilisation prolongée, un risque de dépendance. Des effets secondaires d’ordre cardiovasculaire peuvent également se produire, tels que des modifications de la tension artérielle ou du rythme cardiaque. Il convient de noter que ces effets secondaires peuvent varier en fonction de la composition spécifique du médicament.
Les contre-indications du cannabis médical
Les contre-indications du cannabis médical dépendent de la composition des produits et des antécédents médicaux des patients.
- Les patients présentant un risque cardiovasculaire élevé ou des antécédents de troubles cardiovasculaires ou cérébrovasculaires sévères, tels qu’une insuffisance cardiaque ou un AVC, ne doivent pas se voir prescrire de médicaments contenant du THC.
- De même, le THC ne doit pas être prescrit aux patients souffrant ou ayant souffert de troubles psychotiques tels que la schizophrénie, ni aux patients atteints de troubles anxieux sévères.
- Le cannabis médical est également contre-indiqué en cas d’insuffisance hépatique sévère, d’atteinte biologique prédictive et d’insuffisance rénale sévère.
- Enfin, le cannabis à usage médical est contre-indiqué chez les femmes enceintes et allaitantes.
Un grand merci au Professeur Nicolas Authier, médecin psychiatre spécialisé en pharmacologie et addictologie, ainsi que chef de service de Pharmacologie médicale et du Centre d’Évaluation et de Traitement de la Douleur au CHU de Clermont-Ferrand.