ActualitésSanté

Face à la crise des opioïdes, les adolescents se préparent à sauver des vies

Une solution cruciale à une crise mortelle

Chaque matin, avant de quitter sa maison pour se rendre au lycée, Jackson Danzing, 17 ans, s’assure d’avoir dans son sac bien plus que des livres, des devoirs et son déjeuner. Il transporte également un antidote qui pourrait un jour lui permettre de réanimer une victime d’overdose. Aux États-Unis, où la crise des opioïdes fait des ravages, y compris avec l’émergence du fentanyl, une drogue jusqu’à 50 fois plus puissante que l’héroïne, le Narcan devient de plus en plus commun parmi les adolescents.

La crise des overdoses en plein essor

Au cours de la dernière année, les décès par overdose ont augmenté de manière alarmante, de 94 %. Le fentanyl est responsable des deux tiers de ces tragédies. Les adolescents ne sont pas épargnés par cette vague dévastatrice. Selon les Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC), les décès par overdose chez les jeunes ont augmenté de 94 % entre 2019 et 2020. Cette augmentation est attribuée en grande partie à la disponibilité croissante du fentanyl de synthèse produit illégalement.

La formation comme arme contre l’overdose

Face à cette réalité effrayante, Jackson et sa camarade Marin Peale ont décidé d’agir. Ils ont mis en place des formations sur l’utilisation du Narcan pour 350 de leurs camarades de lycée. Jackson partage son sentiment, déclarant :

« Tout le monde a un ami ou une connaissance qui a touché aux drogues. Imaginez-vous un scénario où vous retrouvez l’un de vos amis en train de faire potentiellement une overdose et dont vous ne savez pas quoi faire ».

Ces formations visent à donner aux élèves les compétences nécessaires pour intervenir en cas d’urgence.

La réalité troublante à Arlington

À Arlington, près de la capitale Washington, l’utilisation du Narcan est malheureusement une réalité quotidienne. La police a dû intervenir pour sept overdoses dans les écoles publiques de la région l’année dernière, ce qui a conduit au décès d’un étudiant. Au niveau national, de mars 2022 à mars 2023, les États-Unis ont enregistré 110 000 décès liés à des surdoses ou overdoses, dont la plupart étaient liées à la consommation de fentanyl, selon les CDC.

crise

Des approches variables à travers les états

Néanmoins, l’accès croissant à la naloxone, le nom générique du Narcan, suscite également la controverse. Certains parents estiment que cette molécule peut banaliser, voire justifier l’usage de drogues dures. À travers le pays, les autorités locales ont adopté des politiques différentes face à la crise des opioïdes.

Dans la ville progressiste de Portland, en Oregon, les sanctions pour la consommation de drogue ont été réduites, ce qui a donné lieu à la prolifération de marchés illégaux de produits illicites et à une augmentation des surdoses. À l’inverse, certains États ont durci les lois anti-drogues. Après trois overdoses, dont deux mortelles, de lycéens cette année au Tennessee, le seul survivant a été inculpé pour le meurtre de ses deux camarades.

La Naloxone comme atout de Santé publique

Malgré ces différences, on observe généralement un soutien croissant à la naloxone dans les tendances politiques. Keith Humphreys, chercheur à l’université Stanford, affirme :

« Je vois, dans les tendances politiques, un soutien à la naloxone (…) et je crois qu’il s’agit d’une victoire en termes de santé publique ».

À Arlington, tout comme dans l’ensemble de la Virginie, l’interdiction des drogues reste en vigueur. Les étudiants qui apportent de la naloxone au lycée doivent avoir suivi une formation sur son utilisation et obtenu l’autorisation de leurs parents.

Une approche globale nécessaire

Cependant, pour Keith Humphreys, l’accès croissant au Narcan n’est qu’une partie de la solution face à la gravité de la crise. Selon lui, les autorités doivent consacrer davantage de fonds publics à la santé mentale des jeunes pour les aider à gérer leurs émotions et à établir des relations plus saines. Bien que la naloxone puisse être un outil crucial en cas d’overdose, elle ne résout pas les problèmes sous-jacents liés à l’addiction.

La Naloxone : Un outil, pas la solution

Keith insiste sur le fait que « ce serait une erreur de penser qu’en réduisant le nombre de morts par overdose nous aurions fait un grand progrès. C’est une ambition extrêmement modeste ». Néanmoins, pour des adolescents comme Jackson Danzing et Marin Peale, le Narcan est devenu une partie essentielle de leur quotidien. Marin explique :

« Peu importe la salle de classe, il doit y en avoir une boîte et de mon côté j’en ai toujours sur moi. Comme ça je suis toujours prête » à aider en cas d’urgence.

 

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Bouton retour en haut de la page