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Je veux apporter de clarté à la filière du CBD : Harold Gouet – Le Laboratoire Français du Chanvre

Dans ce nouvel épisode, Mathias accueille Harold Gouet, qui dirige Le Laboratoire Français du Chanvre (LLPC), spécialisé dans les analyses et les marques blanches de CBD. Son objectif est d’apporter de la clarté et de la traçabilité dans la filière. Harold a l’avantage de travailler avec tous les acteurs, des agriculteurs aux magasins. Cela lui permet d’avoir une vision assez globale de ce que recherche la filière. Le plus intéressant c’est qu’il vient de signer un partenariat avec l’UPCBD, pour des analyses et une certification. Pour rappel, cette Union est présidée par Charles Morel. Retour sur le parcours de notre invité et sur les origines du LLFC.

Parles-nous de toi Harold

Depuis ma jeunesse, je suis passionné par les plantes et par la valorisation des végétaux. Cela m’a amené à faire des études en agronomie, complétée par des études d’ingénieur chimiste. Je voulais valoriser les végétaux de façon originale.

Après quelques années passées dans le monde de l’entrepreneuriat, j’ai décidé de créer LLPC. Il est arrivé en même temps que le CBD en Europe et en France. Un nouvel univers était en pleine construction. En créant ce laboratoire avec des amis, je voulais apporter une valeur ajoutée. Je voulais apporter une certaine clarté, de la structure, de la rigueur et de la traçabilité sur le marché.

Pourquoi avoir choisi la filière du CBD?

Avant de répondre à cette question, j’aimerais d’abord dire que le CBD est une molécule extraordinaire. Elle apporte du bien-être, et touche à tout un univers: la production, la  sélection variétale, la transformation, la distribution, et mise en avant auprès des consommateurs. Ce dernier aspect est important parce que c’est tout nouveau. Il faut en parler et diffuser un message avec les enjeux de la société. Tout cela m’a motivé pour apporter ma pierre à l’édifice.

Qu’est-ce que c’est concrètement LLPC?

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Le laboratoire est situé en Ile-de-France, à Bobigny. C’est 150m² dédiés à la fois aux analyses et à la production de produits marques blanches. Là-bas, il n’y a pas que des laborantins en blouse blanche. Nous sommes une vingtaine de personnes à collaborer.

Peux-tu nous éclairer sur les marques blanches?

C’est un concept pour les entrepreneurs ou les dirigeants qui souhaitent développer leur marque ou innover avec de nouvelles gammes au CBD. Nous pouvons les conseiller, que ce soit sur la conception, sur la formulation du produit, sur la concrétisation de leur idée ou sur le packaging. Cela va jusqu’à la production d’un produit fini qu’ils n’auront plus qu’à distribuer.

Parles-nous de la partie analyse

A côté des marques blanches, nous faisons aussi des analyses. Depuis la création de la filière en 2018, la principale préoccupation porte toujours sur le taux de THC. Avec la réglementation, tout le monde a besoin de connaître ce qu’il y a dans le produit. Notre service d’analyse est là pour apporter une réponse à chacun. Le producteur qui veut savoir qui se demande à quel moment commencer la récolte les fleurs, quel est leur taux de CBD, etc. Il y a aussi le grossiste qui souhaite valider que les données de son fournisseur sont fiables. Mais aussi, comme il s’agit d’une matière qui évolue beaucoup au fur et à mesure de la transformation et du stockage, les taux peuvent évoluer.

Nous travaillons également pour des laboratoires de cosmétiques qui veulent faire des tests de vieillissement. Cela leur permet de voir si les taux sont constants au cours de l’évolution de leurs produits.

Enfin, nous sommes là pour les magasins souvent confrontés aux forces de l’ordre. Ils ont besoin d’être certains que leurs produits soient conformes à la réglementation.

Qu’en est-il de ce projet de certification?

A chaque échelon de la filière, c’est extrêmement important de s’assurer que les analyses correspondent au produit. En effet, ce n’est pas toujours le cas. Dans cette optique, nous avons monté un projet de certification, un label qui s’appelle CBD Protect. Il permettra, sans refaire des analyses à chaque fois, de certifier des lots, afin qu’il y ait une correspondance totale entre un produit vendu et l’analyse correspondant. Ça va au-delà même des analyses car aujourd’hui, les personnes sont aussi préoccupées par la qualité des produits. En effet, le taux de THC n’est pas leur seule préoccupation. Il y aussi le taux d’autres cannabinoïdes comme le CBD, le CBN, les terpènes, et beaucoup d’autres choses à mettre en avant.

Quel est l’enjeu du partenariat de LLFC avec l’UPCBD?

L’enjeu de notre partenariat avec l’UPCBD est de mettre en avant la filière française qui cherche à se démarquer sur un marché extrêmement concurrentiel. On a aujourd’hui des fleurs qui viennent de Suisse, d’Italie, d’Espagne, et d’autres pays. Grâce à cette certification, on pourra s’assurer de l’origine des produits, et notamment mettre en avant les produits français, en valorisant le savoir-faire de l’agriculteur qui fait le plus d’efforts.

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Le cannabis est comme une éponge, qui fait ressortir énormément de choses dans le sol pollué. Les produits qui viennent de l’étranger peuvent être chargés en métaux lourds et polluants. Cette capacité à dépolluer les sols est une des forces de la plante, mais ça peut se retourner contre les consommateurs si les contaminants se retrouvent dedans.

La certification, c’est aussi l’assurance qu’il n’y a pas de métaux lourds, ni de pesticides. Ça permet de suivre un cahier des charges qui se rapproche au maximum du bio. Par ailleurs, elle apporte aussi une certaine transparence, une connaissance, et l’assurance de consommer un produit sain.

Il y a un énorme travail de communication à faire sur le CBD pour les consommateurs et aussi du côté du pouvoir public parce que ce sont les premiers qu’il faut convaincre.

“Plus on apporte à la filière une clarté et une traçabilité, plus la filière pourra brandir son étendard et dire que le CBD a de la valeur, il n’est pas nuisible à la santé ni à l’ordre public”…

Quelle est ton analyse du marché du CBD, de l’agriculteur au magasin?

J’ai de la chance en tant que dirigeant du LLFC d’être impliqué dans le marché depuis 4 ans. C’est une filière qui évolue vite, et dans un très bon sens. De plus en plus d’acteurs essaient de faire les choses de façon structurée, d’apporter de la traçabilité, d’améliorer leur suivi des consommateurs, de leur production… Pour moi c’est une filière d’avenir, qui nécessite toujours de se structurer, mais on a franchi un bon cap. Elle va pouvoir s’élargir, gagner en confiance, et voir rejoindre certainement de nombreux acteurs sérieux. Pas que des militants mais aussi des acteurs de la consommation comme les grandes marques qui cherchent à développer leur gamme. Et ce n’est pas nécessairement en contradiction avec le développement des petits acteurs les entrepreneurs que nous accompagnons.

Le marché du CBD a connu son âge d’or mais semble en train de se stabiliser. Comment vois-tu la suite?

Effectivement, il y a une forme de maturation du marché, mais ce n’est qu’un plateau avant une nouvelle croissance. Aujourd’hui, une grande partie de la population attend d’avoir accès au CBD. Par exemple, dans les pharmacies, la majorité des personnes qui réclament le CBD sont des seniors, et elles n’iront pas dans les CBD shop parce que ça ne fait pas partie de leur atmosphère culturelle. Néanmoins, de plus en plus de pharmacies s’ouvrent à ce marché, et ça donne accès au CBD à une population plus large.

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De leur côté, les CBD shop pourront aussi participer à cette démocratisation des produits avec de bons conseils, avec plus de sérieux et une bonne formation. Les grandes surfaces commencent aussi à s’y mettre, mais on manque de conseils et on risque de ne pas être satisfait du produit qu’on veut. Dans tous les cas, quelque chose de bon est en train de mijoter et le résultat va venir très prochainement.

D’une certaine manière, cette maturation est un peu difficile pour les acteurs de la filière. Mais en même temps, c’est quelque chose de sain qui force tout le monde à passer à la prochaine étape, en apportant de la clarté, de la structure, et en étant plus rigoureux sur la façon de gérer les choses. Toute chose bien faite prend du temps à émerger.

Quel est ton avis sur marché du THC, penses-tu que ça peut entrer en compétition avec le CBD?

Dans le cannabis bien-être, il n’y a pas que du CBD, mais aussi du THC à des taux qui restent faibles. Il faut rester concentré sur la notion d’objectif et non sur la notion de taux pour que ce soit mieux perçu. Le THC est une molécule qui accompagne naturellement la plante. Il a aussi toute sa place du point de vue du bien-être.

En tant que laboratoire d’analyse et de production, je ne peux pas me positionner sur le cannabis récréatif là-dessus. Mais ce qui est certain, c’est que plus chaque étape sera bien faite, plus on pourra favoriser les effets positifs au niveau individuel et de la société, plus on amoindrira les effets néfastes. Aujourd’hui, notre société est l’une qui consomme le plus de cannabis récréatif. Cette consommation qui ne va pas disparaître du jour au lendemain. Il faut qu’elle soit sécurisée et accompagnée de la meilleure façon, que les effets néfastes s’amoindrissent avec le temps.

Le mot de la fin

Nous ne sommes qu’au début de la construction d’un monde qui peut être très riche. Ayant fréquenter d’autres filières, j’apprécie l’atmosphère générale de bienveillance entre les différents acteurs de celle-ci. Ils sont souvent concurrents mais se voient rarement comme tels. Ils sont plutôt comme des gens qui ont quelque chose à construire ensemble. Tout ce que je souhaite c’est que cette atmosphère de bienveillance et de construction commune perdure, et qu’on prenne bien du recul par rapport aux choses. Pas nécessairement dans un militantisme effréné, mais dans une construction harmonieuse d’une filière, avec une vision globale qui rapporte à tous les échelons.

C’est avec cette conclusion que nous arrivons à la fin de cette interview. Rendez-vous dans un nouvel épisode de Parlons Canna dès la semaine prochaine.

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