
Avec un essor sans précédent, le CBD est plus d’une fois comparé au phytocannabinoïde psychotrope qu’est le THC. Bien que le CBD soit maintes fois dénigré par la société, de nombreux scientifiques lui attribuent une vertu médicinale. Beaucoup de chercheurs se sont penchés sur l’hypothèse selon laquelle ce cannabidiol pourrait diminuer les effets indésirables du THC. Seulement, le CBD ne réduirait pas les effets négatifs du tétrahydrocannabinol, selon une nouvelle étude. Découvrons ensemble ce qu’il y a de plus important à savoir à propos de cela.
Focus sur les recherches du King’s College London sur le CBD
Les chercheurs du King’s College London n’ont pas pu démontrer que le CBD pouvait réduire les effets négatifs du tétrahydrocannabinol. Ainsi, les résultats publiés dans Neuropsychopharmacology contredit qu’un fort taux de cannabidiol puisse contrer les troubles de mémoire et les épisodes psychotiques. Les autorités publiques devraient donc en tenir compte, puisque le cannabis à usage médicinal et récréatif tend à gagner du terrain.
Auparavant, les chercheurs avaient établi qu’on pouvait prendre du cannabidiol à titre préventif pour limiter les effets secondaires du tétrahydrocannabinol. Précisons qu’il s’agissait d’une forte dose de CBD. Mais cette fois-ci, les scientifiques se sont penchés sur l’effet du rapport CBD-THC suivant différentes modifications des dosages.
Les scientifiques ont mené l’expérience (randomisée en double aveugle) sur 46 individus sains. Ces derniers ont inhalé 10 milligrammes de THC et différentes doses de CBD (0, 10, 20, 30 mg). Il a donc fallu faire 4 essais selon les dosages de cannabidiol. Ensuite, les participants ont dû répondre à une série de questions et effectuer différentes tâches pour évaluer l’effet des cannabinoïdes. Il fallait observer le niveau de plaisir ressenti par les volontaires ainsi que leurs capacités cognitives et leurs symptômes psychotiques. Finalement, l’élévation du dosage de cannabidiol n’a pas changé significativement les effets du THC sur les variables d’observation.
Le cannabidiol : Probablement pas un facteur d’atténuation des effets négatifs du THC
Selon le Docteur Amir Englund, aucun des dosages de CBD n’est parvenu à amortir les effets indésirables du THC. Ce chercheur à l’IoPPN de King’s souligne que le cannabidiol n’a pas pu protéger les participants des effets négatifs du THC. Effectivement, les différents niveaux de CBD n’ont pas empêché les symptômes aigus de survenir (anxiété, épisodes psychotiques et perturbations cognitives). De plus, le CBD n’a pas non plus pu réduire l’intoxication. Les chercheurs n’ont constaté qu’une augmentation de la toux chez les volontaires comme seul effet significatif du CBD. Ce symptôme s’accentue à mesure qu’on augmente le taux de cannabidiol. En outre, lors des visites, les volontaires ont écouté leur chanson préférée tout en goûtant à un bout de chocolat. Il s’est avéré que le cannabidiol n’avait eu aucun effet. En revanche, le THC a sensiblement augmenté le plaisir du chocolat et de la musique (par rapport aux volontaires sobres).
Comme le CBD et le CBD et le THC sont des phytocannabinoïdes du chanvre, une souche fortement concentrée en CBD renfermera moins de THC. Selon les experts, il est probablement plus sécuritaire pour les consommateurs d’utiliser un ratio CBD-THC élevé. En effet, ce dernier contient naturellement moins de THC qu’une variété à faible rapport CBD-THC. D’une manière générale, les chercheurs suggèrent de consommer moins de THC pour limiter ses effets négatifs.
Le professeur Philip McGuire soutient que cette recherche apporte sa contribution au débat sur les risques de la consommation de cannabis. Ce principal auteur de la recherche est également le chef du département des études sur la psychose à l’IoPPN de King’s. Selon lui, les doses de CBD généralement présentes dans le chanvre ne protègent pas contre les effets nocifs du THC. Cela réfute donc la croyance des consommateurs selon laquelle le CBD est un tampon contre les effets négatifs du cannabis.
Réflexions sur les hypothèses antinomiques sur l’effet du CBD sur le THC
Des recherches antérieures suggèrent qu’une forte concentration de CBD ou un ratio équivalent de THC-CBD compense les effets du THC. On parle notamment des symptômes tels que la paranoïa ou l’anxiété. Des chercheurs néerlandais ont effectué un essai clinique pertinent sur le sujet le mois passé. Ils ont observé l’effet du cannabis vaporisé (contenant du THC, du CBD et un rapport équilibré THC-CBD) sur le niveau d’anxiété. Il a fallu vaporiser différentes doses de cannabis (13,75 mg de THC ou de CBD, quantité égale ou aucun cannabinoïde) chez les participants.
Les dosages à dominante THC et à THC-CBD équilibré ont tous deux augmenté de manière significative l’anxiété par rapport au groupe placebo. Néanmoins, l’anxiété après la consommation de THC/CBD était significativement plus faible qu’après la consommation de THC seul. La combinaison THC-CBD aurait retardé l’anxiété, réduit son ampleur et limité sa durée par rapport à l’inhalation de THC seul.
Les principaux éléments de différence entre les études d’Englund et de Hunter
La professeur de pharmacologie Saoirse O’Sullivan s’est prononcé sur les conclusions antinomiques des recherches sur le cannabis. Elle a souligné un certain nombre de différences entre les deux essais qui pourraient passer inaperçues pour un œil non averti. Les recherches de Hutten auraient privilégié un échantillon de consommateurs récréatifs. En revanche, l’étude d’Englund a été menée sur des consommateurs peu fréquents. Voilà ce qui explique les différentes expressions endocannabinoïdes. Les recherches se sont également focalisées sur des facteurs différents. La recherche néerlandaise s’est portée sur l’anxiété, et celle d’Englund a examiné un plus large éventail d’effets secondaires (symptômes psychotiques, effets cognitifs, pharmacologiques, physiologiques, subjectifs, plaisir).
On a également enregistré de fortes concentrations de THC et de CBD lors de l’expérience d’Englund comparée à celle de Hutten. Selon O’Sullivan, cette opposition provient soit des différences entre la population d’étude soit de l’utilisation de différents dispositifs de vapotage. D’ailleurs, les méthodes de mesure des concentrations des composés ne sont pas forcément cohérentes d’une étude à une autre.
En comparant la méthodologie de ces deux études, le professeur O’Sullivan a remarqué des différences significatives. Cela est courant lorsqu’on compare des études scientifiques, beaucoup de choses se cachent souvent dans les détails. Les consommateurs fréquents représentent également un indicateur clé. On sait bien que les réponses au cannabis sont modifiées chez les consommateurs réguliers. O’Sullivan a aussi remarqué une autre différence significative quant à l’exposition au cannabis. Les volontaires de la recherche d’Englund avaient des niveaux plasmatiques (dosages) beaucoup plus élevés de THC et de CBD. En résumé, puisque les deux études prennent en compte des paramètres différents, il est difficile de les comparer.
De nouvelles perspectives de réflexion
Les recherches d’Englund et de Hunter semblent s’accorder sur le fait qu’un taux élevé de THC n’implique pas toujours un meilleur high. L’article du Docteur Ethan Russo et de ses collègues témoigne que l’arôme est un meilleur révélateur de qualité que le THC. Cette hypothèse a été vérifiée auprès des participants auxquels on a administré des produits à base de fleur de cannabis. L’étude a révélé une association négative entre la quantité de cannabis consommée et l’appréciation générale. Pour l’expliquer plus clairement, les consommateurs, ayant consommé de plus petites quantités, ont plus apprécié la marijuana. Selon le Docteur Ethan Russo et son équipe, le plaisir et l’affaiblissement n’ont aucun rapport. Ces auteurs affirment qu’une forte teneur en THC peut provoquer une sensation de défonce et n’est pas toujours agréable.
Impacts de ces recherches sur la santé publique
Les chercheurs suggèrent que le meilleur moyen de réduire les effets négatifs est d’en consommer moins. Il s’avère que moins on consomme de cannabis, plus on apprécie sa saveur. D’ailleurs, le high est perceptible avec une moindre quantité de cannabis et avec une faible dose de THC. Cela implique que les variétés de cannabis ayant une forte concentration en CBD (et moins de THC) sont plus sécuritaires. Les consommateurs avertis auront donc intérêt à se tourner vers les produits à base de CBD pour préserver leur santé. D’ailleurs, ces produits à base de cannabidiol ont déjà un succès inégalé sur les plans médicinal et récréatif. On en trouve sous de multiples formes sur le marché selon l’usage escompté. Si la plupart des produits CBD contiennent du THC, ils ne doivent pas en contenir plus de 0,3 % sous peine de répressions. Une autre solution pour les amateurs de THC consiste à réduire leur consommation. Que le CBD atténue ou non les effets du THC, réduire la consommation de THC permettra d’atténuer la paranoïa et l’anxiété.
La stigmatisation autour du THC persiste dans la société, alors que le CBD gagne du terrain (domaines médicinaux, alimentaires, sportifs, etc.). Compte tenu des risques pour la santé d’une consommation excessive de THC, ces études pourraient avoir d’importantes implications pour la santé publique. Les instances publiques doivent tenir compte de ces recherches face à la demande croissante de produits riches en THC. Les souches présentant de forts taux de THC peuvent avoir des effets négatifs sur la santé. Ces recherches pourraient éventuellement éclairer les consommateurs à faire des choix plus sécuritaires lorsqu’ils choisissent des produits à base de marijuana. Les chercheurs ne cessent de suggérer d’éduquer les consommateurs de cannabis à ce sujet. Encore faut-il multiplier les campagnes d’informations et approfondir les recherches afférentes.
Découvrez dans un autre article l’effet du CBD sur les maladies cardiaques.